A 38 ans, Fabrice Amedeo a pris le départ de son premier Vendée Globe ce dimanche 6 novembre à 13h02. Une course qui permet à l’amateur éclairé, journaliste de profession, de réaliser son rêve, mais qui se prépare en amont, que ce soit au niveau du sommeil, de la nutrition ou de la « bobologie ».
Interview
La gestion du sommeil est l’un des points clefs sur une course aussi longue que le Vendée Globe. Comment vous êtes-vous préparé ?
Fabrice Amedeo : Je travaille depuis huit ans avec le Dr Bertrand de La Gisclais, médecin chef du centre du sommeil d’Annecy, également en charge de l’accompagnement des sportifs de haut niveau au centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu et de l’European Sleep Center de Paris. Depuis la Route du Rhum 2014, on a travaillé de plus en plus dans une logique de performance, en étudiant mon rythme biologique grâce à des enregistrements à terre, puis en mer pendant les courses, l’idée étant que j’apprenne à dormir au bon moment, pour récupérer rapidement et efficacement. Cela a permis de définir six portes du sommeil de 40 minutes par tranche de 24 heures, c’est à dire six moments où je peux m’endormir facilement et récupérer de manière optimale. Pour le Vendée Globe, on est allé plus loin en étudiant ma sécrétion de mélatonine sur un sommeil polyphasique. Je dois respecter les portes du sommeil dès que je peux, en essayant d’en prendre quatre au minimum, et six dans l’idéal, pour essayer d’attraper les phases de sommeil lent profond et de sommeil paradoxal. Cela permet d’évacuer le sommeil léger, qui est une part irrépressible du sommeil monophasique à terre. Comme le Vendée Globe est une course plus longue que la Route du Rhum, par exemple, on a ajouté un sommeil d’ancrage de 1h30 vers 2 heures du matin, avec des siestes de 40 minutes réparties tout au long de la journée.
La nutrition est également importante. Êtes-vous suivi à ce niveau ?
Fabrice Amedeo : Je me suis penché sur l’aspect nutrition pour le Vendée Globe. Avant, ce n’était pas vraiment un sujet de réflexion pour moi. J’embarquais des lyophilisés et ce qui me faisait plaisir. Mais là, il y a un vrai défi, notamment ans le Grand Sud. Il ne faut pas embarquer n’importe quoi. Je suis accompagné par Virginie Auffret, nutritionniste chez Nutri&Co, qui m’a composé des menus adaptés à mes besoins et aux différentes phases du parcours, avec une fourchette variant de 2500 calories/jour dans les zones les plus chaudes à 5500 calories/jour dans les zones les plus froides comme le Grand Sud. L’idée, c’est d’être le plus performant possible et d’éviter une perte de poids ou une fonte musculaire importante, tout en se faisant quand même quelques petits plaisirs.
De quoi vont se composer vos menus ? Plutôt lyophilisés ou plats préparés ?
Fabrice Amedeo : Un peu des deux. J’aime beaucoup les lyophilisés. C’est beaucoup plus léger que les plats préparés, et moins encombrant. Les 12 premiers jours, je me nourrirais essentiellement de lyophilisés, avec en plus un peu de produits frais comme du fromage ou de la viande. Ensuite, je ferai 50-50 entre lyophilisés et plats préparés.
En mer, on peut se blesser ou tomber malade. Comment vous êtes-vous préparé à la gestion d’éventuels problèmes médicaux ?
Fabrice Amedeo : Le médecin du Vendée Globe, Jean-Yves Chauve, est à notre disposition 24/24. On peut l’appeler à n’importe quel moment en cas de problème. C’est assez rassurant, surtout qu’il connaît bien la course au large, pour y exercer depuis des années. En amont, j’ai fait deux formations : le stage PS Mer (Premiers Soins Mer), qui comprend une dimension « secours », et qui nous prépare à un hélitreuillage ou à sauvetage en mer, et une journée de formation médicale où j’ai appris les choses de base, à me recoudre, à poser une agrafe, à réduire une fracture….J’ai suivi en plus en formation médicale hauturière avancée à Lorient, qui m’a permis de bien classer les médicaments obligatoires, imposés par World Sailing (ex-ISAF). C’est bien d’avoir une trousse médicale à bord et des médicaments, mais il faut pouvoir les retrouver rapidement en cas de besoin. J’ai plusieurs trousses en fonctions des problèmes que je pourrais rencontrer, et les médicaments pour y remédier.
On se souvient de Bertrand de Broc, qui avait du se recoudre la langue en mer, ou de Yann Eliès, qui s’était cassé le fémur pendant la course. Quelle est la procédure à suivre en cas de problème grave ?
Fabrice Amedeo : Il faut appeler son contact à terre et le médecin de la course, qui prend les décisions qui s’imposent et qui donne des conseils. J’ai eu de la chance, il ne m’est jamais rien arrivé de grave en mer. Je me suis luxé une fois l’épaule en course mais il n’y avait pas de médecin attitré. Sur la Route du Rhum 2014, mon désalinisateur est tombé en panne. Je n’avais plus d’eau. Jean-Yves Chauve m’a contacté régulièrement pour voir comment je gérais le manque d’eau, et pour éviter la déshydratation ou les étourdissements.
Y’a-t-il des examens médicaux obligatoires à faire avant de prendre le départ du Vendée Globe ?
Fabrice Amedeo : Il faut avoir fait un test d’effort moins de quatre ans avant le départ de la course, une écho cardiographie et avoir une fiche médicale complétée par un médecin.
Et au niveau dentaire ?
Fabrice Amedeo : Il n’y a rien d’imposé au niveau de la direction du Vendée Globe, mais j’emporte un kit Denta Pass avec moi. Je suis également allé chez le dentiste récemment, afin d’être sûr de partir avec des dents saines.
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