Vous soulevez le problème des descentes d’organes qui peuvent en effet être liés aux grossesses mais aussi à d’autres facteurs. Faut-il faire quelque chose ? Oui, si cela vous dérange et induit une gêne fonctionnelle dans votre quotidien.
D’un point de vue anatomique, je n’emploierai pas le terme de « vessie qui glisse » mais pour vulgariser le sujet de « descente d’organe », sachant que le terme médical adéquat est celui de prolapsus génital, car il existe en effet également des prolapsus rectaux. Une descente d’organe par le vagin peut être antérieure au niveau de la vessie (cystocèle), moyenne au niveau de l’utérus (hystérocèle ou hystéroptose) et/ou postérieure (rectocèle ou élytrocèle). L’importance de cette descente d’organe peut être évaluée par un examen clinique et avec des outils de mesure validés permettant de se comprendre entre médecins spécialistes.
Il existe différents facteurs de risque de survenue de prolapsus : nombre d’accouchement, poids de naissance des enfants, nécessité d’utilisation de forceps (pour information, il n’a pas été prouvé que la césarienne protège du risque de prolapsus), tabagisme, surpoids, facteurs génétiques…
D’un point de vu fonctionnel. Il est important d’identifier les symptômes et plaintes des patientes : pesanteur pelvienne, impression de boule vaginale, douleurs, besoins fréquents d’uriner (pollakiurie), difficultés à uriner (dysurie), fuites urinaires, gène pendant les rapports sexuels (dyspareunie), douleurs à la défécation (dychésie), nécessité de manœuvres manuelles pour aller aux toilettes…
D’un point de vue pratique, il est important de ne prendre en charge que des personnes symptomatiques et gênées. Une rééducation périnéale et abdominale est utile afin d’apprendre à verrouiller la ceinture périnéale et réduire l’effet de la pression abdominale sur le périnée qui peut être pourvoyeuse de descente d’organe à long terme.
Il existe également des dispositifs intravaginaux en forme d’anneau ou de cube (pessaire) qui peuvent être utiles et permettre de surseoir à une intervention chirurgicale. Enfin, le recours à la chirurgie est possible et la voie d’abord doit être adaptée à chaque patiente selon son âge, son état général, son mode de vie, son activité sexuelle…
La laparotomie (ouverture de la cavité abdominale) n’est actuellement plus nécessaire. Le choix chirurgical dépendra de l’expérience du chirurgien mais surtout des souhaits de la patiente. Le recours à une chirurgie par voie vaginale est possible avec la possibilité de mettre en place une prothèse pour réduire le risque de récidive, mais avec certains inconvénients possibles dont la patiente sera informée afin de faire son choix.
Le gold standard actuellement chez les femmes jeunes et actives est la promontofixation par coelioscopie qui permet d’obtenir de bons résultats anatomiques et fonctionnels grâce à une chirurgie avec des cicatrices discrètes, une possibilité de réaliser une hystérectomie (ablation de l’utérus) dans le même temps opératoire et une convalescence rapide. Cette technique a l’avantage de réduire le risque de douleurs lors des rapports sexuels en post-opératoire.
Je tiens à préciser qu’il est également important de savoir qu’il peut y avoir des descentes d’organes dans le post-partum « immédiat ». Dans la majorité des cas, cette descente d’organe se corrige spontanément et naturellement sans avoir besoin de recourir à un geste chirurgical. La nature est bien faite et il ne faut pas la contrarier.
En conclusion, en tant que spécialiste et chirurgien, je vous recommande de consulter un médecin compétent en chirurgie urodynamique afin de pouvoir discuter, être examinée et prendre votre décision après une information claire.
La décision de recourir à une chirurgie fonctionnelle doit être posée par les patientes en fonction de leur gêne.