En France, à chaque période hivernale, 30% des enfants de moins de 3 ans sont touchés par la bronchiolite : infection aiguë des voies aériennes inférieures d’origine virale touchant les petites bronches du nourrisson et du jeune enfant et se transmettant sur un mode épidémique saisonnier.
Les symptômes respiratoires sont inquiétants pour les parents, mais cette maladie est le plus souvent bénigne. Dans 90% des cas, cela débouche sur une prise en charge en cabinet de kinésithérapie. La principale prise en charge de cette maladie virale est du ressort de la kinésithérapie respiratoire.
J’entends, depuis des années, les craintes et les appréhensions des parents qui amènent leur enfant au cabinet : « Ohhhh, le pauvre, vous allez le torturer ! » ou bien « Comment faites-vous pour être aussi sadique ? » et même parfois « Si ce n’était pas pour mon enfant, je vous frapperai ».
Il me semble donc important que l’on démystifie et dédramatise cette prise en charge effectuée par des professionnels formés et le plus souvent, doublement formés grâce à des formations complémentaires et spécifiques et ce, dans le but d’être le plus performant et efficace possible.
Chaque kinésithérapeute a dans son cursus de formation, un module de kiné respiratoire à valider et des stages obligatoires en milieu hospitalier. Nous rencontrons tous durant nos formations, les soins en pédiatrie et sommes confrontés à ce type de prise en charge.
L’inquiétude des parents est tout à fait légitime, une séance de kiné respiratoire pour enfant est, en effet, assez impressionnante dans le sens où l’enfant est « compressé » au niveau pulmonaire pour qu’il puisse expectorer les glaires présentes dans les alvéoles pulmonaires.
L’enfant, de manière quasi automatique, pleure car d’une part, ce ne sont pas des gestes qu’il connaît et d’autre part, le fait de le restreindre dans sa respiration classique va le perturber.
La séance, en aucun cas, ne lui fait mal ; il est gêné, impressionné,« saucissonné » mais ce ne sont pas des techniques et gestes douloureux pour l’enfant d’autant plus que la cage thoracique d’un bambin est extrêmement souple et accepte les contraintes que le kiné lui impose.
Attention au clapping
Depuis de nombreuses années, ce que nous appelions communément le « Clapping » est fortement déconseillé car très peu efficace et invasif pour l’enfant. Si votre kiné ne vous propose que cette technique, fuyez ! Il n’est pas formé aux techniques d’AFE (accélération de flux expiratoires) qui sont les techniques recommandées pour votre enfant.
L’intérêt de la kinésithérapie
Le but de la séance de kinésithérapie dans la prise en charge d’une bronchiolite est d’améliorer les fonctions respiratoires en désencombrant les bronches de votre enfant, en le faisant expectorer par des techniques spécifiques.
Séance de kiné respiratoire par AFE : les 10 phases
1 – Accueil du petit patient et de ses parents. Que se passe t-il pour votre enfant ? Qui vous a prescrit les séances (médecin, urgentiste, pédiatre) ? Pourquoi ? (bronchiolite, suite opératoire, encombrement…).
2 – Interrogatoire : depuis quand tousse t-il ? Est-ce une récidive ? Comment tousse t-il (gras, sec, sifflante, en quintes…) ? Est-il gêné pour la prise de son biberon, du sein, de son repas…? Est-il gêné pour le sommeil ? Vomit-il ?
3 – Bilan : palpation et oscultation au stéthoscope. Votre junior est allongé sur le dos (sans la sucette !). Le kiné placera tout d’abord ses mains sur la cage thoracique de votre enfant pour apprécier le rythme et l’amplitude respiratoire, un éventuel tirage des muscles accessoires respiratoires (les épaules se soulèvent pour aider à la respiration), une bonne coordination respiratoire abdomen – cage thoracique.
Cet examen permettra également de situer les zones d’encombrement (ronronnement ou sifflement dans les poumons). Le stéthoscope permettra également d’affiner l’examen palpatoire.
4 – Désencombrement des voix aériennes supérieures : lavage du nez et mouchage rétrograde. L’enfant est couché sur un côté. Le lavage de nez consiste à instiller quelques gouttes de sérum physiologique dans une narine, puis avec un doigt, le kiné bouche cette narine. Il ferme ensuite la bouche de l’enfant pour le faire renifler et relâche cette narine. Votre petit est alors couché de l’autre côté puis le kiné réitère la même chose avec l’autre narine. Le mouchage rétrograde consiste ensuite à imposer à l’enfant un reniflement en lui fermant la bouche en lui maintenant la mâchoire ou lui « pinçant les lèvres ». Ceci permet d’amener au niveau de la gorge les sécrétions qui pourront ensuite être expectorées.
5 – Désencombrement bronchique : technique de l’AFE (accélération du flux expiratoire). Le kiné place une main abdominale et une main thoracique. Sur le temps expiratoire, il exerce une pression de ses deux mains qui se rapprochent l’une de l’autre. Ce qui permet d’amener les sécrétions depuis les alvéoles pulmonaires jusqu’à la trachée.
Deux façons de procéder :
➜ Pressions répétées 5 à 10 fois avec un petit temps de pause entre chaque pression.
➜ Pressions maintenues en continue jusqu’à ce que les sécrétions arrivent jusqu’à la trachée.
Pour cette dernière, le petit patient est plus contraint dans sa respiration mais il me semble que les sécrétions remontent plus rapidement.
6 – Technique de la toux provoquée : le kiné appuie avec le métatarse de son auriculaire sur la face antérieure de la trachée afin de provoquer le réflexe de toux. Les crachats étant arrivés au niveau buccal, le praticien les récupère dans un mouchoir au bord des lèvres, ou bien l’enfant les ravale pour les faire passer dans la voie digestive (présence de crachats dans les selles).
À partir de 2 ans, nous demandons à l’enfant qui a intégré ce reflexe de tousser de lui-même. Nous renouvelons plusieurs fois ces étapes au cours d’une même séance.
7 – Le kiné vérifie la nature des sécrétions, qui seront de consistances et de couleurs différentes en fonction de l’état d’encombrement de l’enfant (du blanc très clair au jaune/vert épais).
8 – Le moment est venu de mettre votre frimousse en position assise pour faire un bilan de fin de séance : palpation de la cage thoracique, écoute manuelle et/ou stéthoscope afin d’apprécier le travail fait durant la séance.
9 – Tout au long de la séance, tout vous aura été expliqué par votre praticien, le comment et le pourquoi de chacun de ses gestes n’auront plus de secrets pour vous. Certains parents sont inquiets et préfèrent donc quitter la salle, d’autres participent à la séance en rassurant l’enfant. Les réactions sont très différentes d’une famille à l’autre et doivent, quelles qu’elles soient, être acceptées par votre kiné.
10 – La séance est à présent terminée. Maintenant, c’est à vous de jouer pour le câlin du réconfort !
Dans la plupart des cas, 6 à 7 séances seront nécessaires pour un encombrement bronchique saisonnier dû à la bronchiolite. Ceci reste une moyenne, mais si besoin d’aller au-delà en raison d’un encombrement encore conséquent, à titre personnel, j’oriente vers le médecin généraliste afin de réaliser une nouvelle consultation médicale (recherche de terrain allergique, asthme du nourrisson, reflux gastro – œsophagien, intolérances alimentaires…).
Critères d’hospitalisation définis par l’ANAES
✚ Enfant de moins de moins de 6 semaines
✚ Altération de l’état de santé général du bébé
✚ Prématurité, maladie cardiaque, affections pulmonaires chroniques, déshydratation…
Prévention et gestion de l’infection
10 conseils à suivre
1 – En période hivernale, aérez au moins 10 minutes la chambre de l’enfant et toutes les pièces de la maison.
2 – Ne fumez pas en présence de votre enfant et sortez pour fumer.
3 – Lavez-vous les mains quand vous portez votre enfant.
4 – Procédez à des lavages de nez réguliers de votre enfant.
5 – Attention à ne pas « noyer » les sécrétions en instillant trop de sérum physiologique à votre enfant. Je préconise une demi-pipette par narine à chaque fois. Tout ceci pour permettre au kiné de récupérer quelque chose de plus ou moins compact au vue des sécrétions.
6 – Surélever le matelas de votre enfant en y glissant sous la partie têtière, une serviette pour que sa tête soit au-dessus du niveau de ses pieds.
7 – Si vous avez un enfant atteint de bronchiolite, limitez les contacts avec la fratrie.
8 – Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux et des mains non lavées soigneusement.
9 – Portez un masque si vous êtes enrhumé.
10 – Fractionnez la prise des biberons ou du sein, hydratez votre enfant régulièrement.