Tout le monde sait ce qu’il faut manger ou non, à quelques détails près, pour avoir son poids de forme. Mais, vous l’avez sans doute remarqué : savoir ne change rien.
Vous êtes au restaurant et vous venez de décider que pour votre ligne, il vous faudrait prendre une belle salade avec tous ces légumes sains et peu caloriques… Vous tentez de vous convaincre que vous en avez envie et même que c’est le meilleur choix possible. Malheureusement, lorsque le serveur arrive, vous apercevez sur une table un peu plus loin une personne qui semble se régaler avec l’un des plats que vous avez tenté de ne pas voir sur la carte. Et il semble aussi délicieux qu’il est interdit ! Au moment de la commande vous êtes encore presque certain(e) de faire le bon choix, de pouvoir le faire… mais au moment crucial, votre bouche, comme par enchantement, prononce autre chose. Une sensation de plaisir vous envahit : celle d’avoir dépassé l’interdit. La culpabilité viendra plus tard, ce n’est pas le moment d’y songer.
Comprendre d’où vient le problème
Notre cerveau n’agit pas en fonction de notre raison, mais de nos émotions. Nous ne sommes pas programmés pour faire des choix de long terme : notre cerveau est le fruit d’une évolution qui s’étale sur des millions d’années, et pendant la quasi-totalité de cette période, il a appris à gérer des urgences et la satisfaction immédiate de nos besoins. Dans la jungle, savoir si nous allions être sexy sur une plage l’été ou si nous allions pouvoir enfiler nos vêtements après un repas copieux était une question bien secondaire…
Ce constat, on peut tous le faire : chercher à raisonner une émotion est peine perdue. Pire encore, lutter contre une envie semble la renforcer irrémédiablement. Certains parviennent au prix d’effort à se contrôler, et vivent dans la privation : je ne suis pas certain que ce soit non plus une direction très positive… surtout si d’autres solutions sont envisageables.
Comment rééduquer notre cerveau ?
En partant de son fonctionnement, et en s’y adaptant. Comme souvent dans la vie, ce n’est pas en luttant contre un obstacle que l’on arrive à le dépasser, mais en le comprenant et en l’utilisant.
Notre fonctionnement cérébral
Notre cerveau réagit aux émotions ? alors donnons-lui du plaisir ! Notre cerveau, par réflexe de survie, cherche la satisfaction de nos besoins ? apportons-lui une satisfaction en accord avec nos buts.
La méthode est simple :
· Allez au restaurant et découvrez le menu. Regardez les plats qui vous attirent le plus. Ce sont sans doute les plus gras ou sucrés… Maintenant, imaginez tous ces plats dans votre estomac à la fin du repas. Vous ressentez sans doute quelque chose de lourd, de désagréable, une sensation de rejet, n’est-ce pas ?
· Maintenant, regardez un des plats qui serait réellement bon pour vous. Imaginez-le dans votre estomac, et centrez-vous sur la sensation agréable d’avoir donné quelque chose de bon à votre corps. Ressentez le bien-être qui en découle : la fierté, mais aussi le plaisir.
· À présent, imaginez-vous dans un futur assez lointain, quelques mois ou années, avec un corps qui vous convient. Là encore, ressentez le plaisir d’être ainsi, d’être bien dans votre peau. Prenez quelques instants pour bien ressentir cette sensation agréable.
· Enfin, regardez à nouveau les plats qui vous faisaient envie au début : vous devriez percevoir une légère sensation de rejet, comme si quelque chose en vous avait envie de fuir ce choix. Imaginez-vous être obligé(e) de choisir ce plat tout de même : cela va amplifier la sensation de rejet.
Que se passe-t-il en nous ?
· Dans la première étape, vous déplacez la sensation. Souvent, on imagine le goût d’un plat, dans notre bouche, au lieu de le sentir en nous. Notre bouche sait ce qui est bon, mais notre estomac sait aussi ce qu’il désire avoir pour l’équilibre du corps : il est plus efficace de déplacer la question vers la partie de nous capable de faire le meilleur choix.
· Dans la seconde étape, le même procédé permet de se créer une sensation de plaisir. Votre cerveau associe l’image d’un plat « raisonnable » à une sensation agréable, c’est ainsi que l’on crée une attirance. (C’est un procédé connu de la publicité : créer une sensation positive et y associer un produit permet de rendre attirant !).
· Enfin, dans la troisième étape, vous reliez cette sensation à un plaisir plus lointain. Comme le cerveau ne se projette pas naturellement vers le futur, vous lui créez un pont pour qu’il puisse le faire par la suite. Vous vous reliez ainsi à un but, et votre cerveau va chercher à l’atteindre.
· La dernière étape est une simple vérification.
Après quelques répétitions, vous créez un conditionnement positif : tous les plats bons pour votre corps vont créer une sensation de plaisir et les autres du rejet. En quelques semaines, vous rééduquez vos goûts : bien manger n’est alors plus une contrainte, mais un besoin.